Face aux annonces enthousiasmantes du début de semaine, le territoire va devoir se retrousser les manches à tous les niveaux.
Et si le vent commençait à tourner ? Et si le bassin decazevillois, plongé dans un rude hiver économique depuis plus de 30 ans, voyait enfin poindre, sur la ligne d’horizon de l’emploi, quelques douces lueurs printanières en cet automne 2017 ?Au regard des annonces qui sont tombées en début de semaine (développement de Snam, rachat de Sam Technologies par le groupe chinois Jinjiang), et même s’il convient de ne pas trop s’emballer à ce stade des projets présentés, on a envie d’écrire : pourquoi pas ?L’histoire du Bassin regorge d’exemples de mises en sommeil suivies de rebonds économiques au cours de sa longue et pourtant si courte histoire, puisque, finalement, il n’existe que depuis 1840 environ. Tel le Phénix (et on rejoint là le nom du projet porté par la Snam…), il lui est souvent arrivé de renaître de ses cendres.
SAM, SNAM, MAIS PAS QUE…
Ceci étant, même actuellement, alors que sa population atteint tout juste les 18 000 habitants, son tissu économique a quelques arguments à faire valoir. Louis Laugier, préfet de l’Aveyron, l’a encore répété avec force, voilà peu, lors de la visite du chantier des futurs laboratoires Nutergia, près de Capdenac.Indépendamment des deux bonnes nouvelles de cette semaine, les perspectives économiques du Bassin n’ont rien à envier à d’autres territoires similaires, même si, comme le notait en son temps le président Ramadier : « On doit se battre ici deux fois plus qu’ailleurs ! ».Pour citer quelques exemples attestant d’un environnement économique pas si détérioré, Umicore (ex-Vieille Montagne), à Viviez, vient d’être rachetée par le groupe belge Fedrus International et le directeur du site, Philippe Colin, se veut plutôt enthousiaste et confiant. L’entreprise STS, à Decazeville, voit sa croissance maintenue à un rythme soutenu et va développer la machine à aligot portée par Fabrice Carrier. Ce même Fabrice Carrier, parti donc sur le nouveau challenge de commercialiser tous azimuts sa machine à aligot (jusqu’aux États-Unis ?) va s’implanter sur la zone de Flagnac avec, à la clé, la création d’une trentaine d’emplois…Carrier Restauration, créé par Fabrice Carrier, le même, a été racheté par le groupe toulousain Gozoki, qui porte également un beau projet de développement, tant l’outil de production almontois est compétitif sur le marché des plats cuisinés. Reste des inconnus : Sopave, Molénat menuiserie, MTI… (nous y reviendrons lundi en page Decazeville)…. Mais n’est-ce pas là la vie normale des entreprises ?
Emprise foncière
Pour permettre le développement « physique » des entreprises dont on vient de parler, il ne devrait guère y avoir de problème d’espaces.
Il existe de nombreuses possibilités, tant en terrains nus qu’en friches industrielles à remettre à niveau et personne, chez les acteurs et décideurs locaux, ne semble se faire trop de souci à cet égard.
Habitat
Si ce renouveau économique que l’on sent frémissant devait effectivement se concrétiser dans la sphère industrielle, un paramètre statistique ne devra pas être oublié : pour un emploi industriel créé, on compte deux emplois induits. Un constat évidemment pas anodin en terme démographique, même si les bassins de vie ne se juxtaposent plus systématiquement aux bassins d’emplois.
Quoi qu’il en soit, si les emplois créés localement devaient se compter par centaines dans les années à venir (encore une fois, pourquoi pas ?), il conviendra obligatoirement de créer les conditions d’accueil des salariés, en particulier ceux qui pourraient venir de l’extérieur.
Comme un fait exprès, à Decazeville, le projet de rénovation urbaine et de réhabilitation de l’habitat inclus dans l’Appel à Manifestation d’Intérêt, ou AMI-Centre-Bourg, vient à point nommé pour accompagner ces projets industriels.
À cela, s’ajoutent plusieurs projets de résidences portés par des investisseurs privés. Sans oublier de nombreuses réserves foncières mises provisoirement sous le coude par la collectivité locale dans l’attente, justement, de jours meilleurs.
Ressources humaines et formation
Sans entrer dans le détail, on sait d’ores et déjà que, tant du côté du Ceser (Conseil économique social et environnemental régional), de la Région et même du Département, chacun semble avoir pris la mesure du (des) challenge(s) à venir en matière de ressources humaines et de formation.
En outre, le fait que le lycée La Découverte ait été désigné comme siège du « Campus des métiers de l’industrie mécanique et des métiers du futur » laisse augurer un accompagnement qui mettra l’offre de formation en adéquation à la demande qui pourrait se faire jour. Jean-Louis Chauzy, président du Ceser, va jusqu’à appeler de ses vœux la création d’un site de formation en alternance pour les secteurs de la mécanique et de l’automobile, qui serait le pendant du site de Cambes, dédié au secteur de l’aéronautique. Un site qui pourrait être basé dans le Bassin ou, pour le moins, en Aveyron.
« Le département jouera aussi pleinement son rôle. » Le conseiller départemental Christian Tieulié l’affirme et promet déjà que la réunion qui se tiendra lundi et qui regroupera, à l’invitation du Département, les 17 communautés de communes de l’Aveyron, devrait largement évoquer la problématique du recrutement.
Comme l’a fait remarquer cette semaine le maire de Decazeville et vice-président communautaire François Marty, on peut encore voir venir, puisque ce processus d’éventuelles embauches de masse et de formation sera lissé sur plusieurs années, jusqu’à 7 ans selon la montée en charge programmée du projet Phénix batteries.
Services publics
Si l’on imagine une démographie enfin revenue à une courbe ascendante, la question d’une présence forte des services publics dans le Bassin pourrait bien se reposer avec une acuité nouvelle. Les stratégies visant à réduire la présence de certains services au nom d’un nombre d’habitants en baisse pourraient ne plus tenir la route. Évidemment, dans ce domaine aussi, il ne s’agit pas d’évoquer ce qui n’est pas encore, mais bien ce qui pourrait être dans un avenir pas si lointain. Et dans le même panier du service public, l’hôpital de Decazeville, dont on sait les tourments, pourrait également avoir de nouveaux atouts à faire valoir auprès de la tutelle.
Commerce
Si reprise économique il devait bien y avoir dans le Bassin, elle ne manquerait donc pas d’avoir des répercussions positives à tous les étages. Y compris, bien sûr, au niveau commercial. Sans parler des grandes et moyennes surfaces, qui ont toujours réussi à maintenir le cap, le petit commerce pourrait être un des grands bénéficiaires. Une commerçante decazevilloise tempère cela dit le discours : « Ce qu’on entend depuis quelques jours est réjouissant, c’est sûr. On n’est plus habitué. Mais pour une génération de petits commerçants, cela intervient un peu tard. Trop tard. L’année 2018 s’annonce très difficile pour de nombreux magasins, dont beaucoup vont mettre la clé sous la porte. Alors on est content, oui, mais davantage pour ceux qui viendront après nous… »
Source : Centre Presse – 16/12/2017 – FRANÇOIS CAYLA et PHILIPPE BOSCUS : Sam, Snam… Et si le vent économique devenait enfin porteur pour le Bassin ?