Frappée par la crise aéronautique, Ratier-Figeac parvient à éviter un plan social et préserve l’emploi de ses CDI grâce à un accord sur l’activité partielle longue durée. Pour la Dépêche du Midi, le président Chanut fait le point sur l’état de l’entreprise. Entretien.

Quelle est la situation aujourd’hui au sein de Ratier ?

Chaque entreprise vit la crise différemment. L’activité de Ratier a l’avantage d’être équilibrée entre l’activité militaire et l’activité civile. La crise Covid a eu un impact catastrophique sur l’activité civile mais l’activité militaire est relativement stable. Pour nous, les impacts sont visibles à plusieurs niveaux : d’une part sur la baisse des cadences de production et sur l’activité de réparation, directement en lien avec les compagnies aériennes. Le trafic aérien chutant terriblement, les compagnies sont en grande difficulté financière. Tous les avionneurs civils ont réduit l’activité de production. Les différents constructeurs ont dû revoir à la baisse leurs perspectives de livraisons d’avions. Nous devons en tenir compte. Notre chiffre d’affaires a baissé d’un tiers. On voit que cette crise est brutale et durable.

Quelles mesures avez-vous mises en œuvre pour l’emploi ?

Pour pouvoir traverser cette crise, il faut qu’on prenne des mesures nouvelles. L’activité partielle de longue durée est l’élément principal qui nous permet de traverser les six voire les douze prochains mois avec les perspectives que nous avons. C’était au cœur des discussions avec les organisations syndicales. Nous avons signé un accord avec deux des trois organisations syndicales qui va jusqu’en mars 2021 et qui sera forcément à revoir ensuite. L’activité partielle varie de 0 à 20 % selon les secteurs : pas de baisse pour certains où on a besoin de maintenir 100 % de la production en particulier pour les hélices militaires. Nous avons eu récemment confirmation de contrat avec l’US Air Force pour 30 avions, ce qui porte notre carnet de commandes à 55 avions confirmés. En revanche ce n’est pas le cas pour d’autres secteurs : les hélices, ATR notamment ou les équipements de cockpit.

La bonne nouvelle est qu’avec cet accord il n’y a pas de plan social et de licenciements à Ratier.

Il n’y a pas de bonne nouvelle car on a dû se séparer de l’essentiel de nos CDD et de nos intérimaires. Nous gardons des stagiaires et des apprentis. Surtout nous sommes très prudents sur les perspectives car nous sommes sur un équilibre très instable. Je pense que les mesures que nous avons prises devraient nous permettre de repousser le risque de plan social mais toutes les options restent envisageables tant la situation est incertaine. Nous sommes équipementier et non sous-traitant, ce qui nous permet de maîtriser notre carnet de commandes. On a l’avantage d’avoir mis en place certaines stratégies qui nous aident dans cette crise catastrophique et qui nous permettent de résister.

Comment envisagez-vous l’avenir ?

Au sein de Collins Aerospace, nous avons toujours la volonté de maintenir une feuille de route de développement technologique qui nous amène vers une aviation plus efficace et plus autonome. Nous sommes confiants et gardons la confiance pour les avions à hélices dans le futur. Nous maintenons cette volonté d’investir dans l’innovation.

La direction n’a pas souhaité communiquer les chiffres des effectifs.

Préserver les compétences

Pilote de Ratier-Figeac, Jean-François Chanut est aussi président de la Mecanic Vallée très touchée par la crise. Il veut mobiliser pour préserver les compétences sur le territoire. « Les Rencontres début octobre ont été très suivies. La preuve que les entreprises même très touchées ont l’énergie d’aller chercher de nouveaux marchés, en particulier dans le domaine de l’énergie nouvelle, de l’hydrogène, de l’éolien off shore. Le travail de la Mecanic Vallée, de l’industrie locale et des services de l’Etat sera de mettre en face les compétences dont le territoire aura besoin. »

Propos recueillis par Aubrey Lecomte Publié le 16/10/2020 – La Dépêche