À Toulouse, les cadences de l’aéronautique continuent de booster l’industrie locale. énergie et agroalimentaire affichent aussi une bonne dynamique d’investissement.
La filière aéronautique occitane est en grande forme. Les inaugurations en mai dernier de sites industriels pour l’équipementier Latécoère à Toulouse ou pour le sous-traitant Rossi Aéro à Castelnau-d’Estrétefonds (Haute-Garonne) en sont une illustration. Les carnets de commandes des avionneurs assurent des plans de charge pour les dix ans à venir à toute la supply chain. Si la situation est à nuancer chez certains fournisseurs de l’A 380, à l’échelle de la filière, tous les voyants restent au vert. Les cadences s’envolent, portées principalement par les programmes monocouloirs (la famille A 320) et par l’A 350. « En 2017, le chiffre d’affaires des entreprises de la filière a progressé de 7,6 % en Occitanie et l’on peut encore tabler sur plus de 5 % en 2018, se félicite Bruno Bergoend, le vice-président de l’UIMM Occitanie. Le véritable défi pour nos entreprises régionales n’est pas de trouver du travail, mais de le réaliser. » Cela passe par l’investissement, pour gagner en capacité et en compétitivité.
C’est d’autant plus vrai dans l’agglomération toulousaine, qui concentre à elle seule près de 60 % des emplois de la filière dans le grand Sud-Ouest. C’est le cas aussi dans le Lot, où Figeac Aéro (3 300 salariés dans le monde dont 1 200 à Figeac) continue à investir dans son usine du futur, ou dans le Gers, où le groupe d’ingénierie mécanique Excent (650 salariés, 64 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2017) a inauguré un site à Pujaudran, où sont regroupés ses ateliers d’intégration et d’assemblage. Dans ce contexte, nombreux font le choix de l’automatisation et de l’innovation technologique. Les robots et les nouveaux process de fabrication additive font leur entrée chez certains fournisseurs, comme chez Freyssinet Aero Equipment, à Coufouleux (Tarn). Encore faut-il avoir les moyens de rester dans la course. L’heure est aux alliances et aux regroupements, à l’image de WeAre constitué autour de la société familiale Farella à Montauban (Tarn-et-Garonne) ou de Nexteam Group, né du rapprochement des sociétés familiales Asquini (Lot-et-Garonne), Gentilin (Haute-Garonne), MP Sud (Pyrénées-Atlantiques) et Sofop (Aveyron). Ce dernier vient d’annoncer une levée de fonds de 114 millions pour des projets de croissance à l’international et la concrétisation de nouveaux investissements en France, à Launaguet (Haute-Garonne). « La taille permet de dégager des ressources supplémentaires pour l’innovation, pour l’investissement et pour aller chercher des marchés », assure Yann Barbaux, le président du pôle de compétitivité Aerospace Valley.
Autre sujet de préoccupation : l’emploi. « Aux tensions sur les métiers traditionnels de la chaudronnerie et de l’usinage s’ajoutent des difficultés à recruter sur de nouvelles compétences en pilotage de centres automatisés, en maintenance prédictive ou en impression 3D », s’inquiète Bruno Bergoend. à la Direccte Occitanie, Patrick Bodenan, le chef de l’unité transports, reste confiant et mise sur le travail en réseau : « à Toulouse et dans sa région, l’aéronautique a fait la démonstration depuis longtemps de sa capacité à fédérer l’ensemble des partenaires, que ce soit les services de l’état, les élus régionaux, l’UIMM ou le pôle Aerospace Valley, via des initiatives telles que celle du nouveau Campus des métiers et des qualifications de l’aéronautique et du spatial d’Occitanie. »
L’agroalimentaire maintient le cap
Puissant, l’aérospatial ne fait pas tout : l’agroalimentaire, partout présent en Occitanie avec 36 000 salariés (un effectif encore en progression de 0,7 % en 2017), investit aussi dans ses usines. Perrier montre la voie en planifiant une nouvelle usine à 200 millions à Vergèze, dans le Gard. Les donuts aussi se portent bien : Poppies-Berlidon met 10 millions sur la table pour agrandir son site de Laudun-L’Ardoise (Gard), qui recevra, en août, une ligne multiproduit deux fois plus rapide, et embauche 50 personnes en 2018. Première région viticole, l’Occitanie modernise, agrandit ou regroupe ses caves. à Saint-Sulpice (Tarn), Vinovalie vient de réceptionner son dernier site d’embouteillage (17,5 millions d’euros d’investissement). Premier producteur français de vins bio, Vignoble de la Voie d’Héraclès place, quant à lui, 15,5 millions à Codognan (Gard) afin de créer pour les vendanges 2018 une cave connectée et éco-conçue. « Ce sera notre outil industriel pour les 50 prochaines années », affirme le directeur Jean-Luc Andrieu.
Deuxième région française pour sa production d’énergies renouvelables (première pour le photovoltaïque, deuxième pour l’hydroélectricité et troisième pour l’éolien), l’Occitanie a l’ambition de devenir le leader pour l’énergie positive en Europe d’ici à 2050. Cet objectif politique, annoncé par Carole Delga, la présidente de la région, passe par un triplement de la production d’énergies renouvelables. Toutes les filières seront mobilisées. Dans l’hydroélectricité, les deux grands opérateurs EDF et Shem (groupe Engie) investissent à tour de bras pour moderniser leur grand barrage. Avec du soleil et du vent à foison, de nombreux intervenants (Engie Green, Quadran, Arkolia énergies, Urbasolar, Apex énergies, Valeco, Vol V…) sont situés en Occitanie. « Il y a beaucoup de grains à moudre dans la région « , juge Jean-Claude Perdigues, le directeur général d’Engie Green (200 des 400 salariés sont au siège à Montpellier).
L’opérateur, qui mettra en service 37 mégawatts (MW) éoliens et solaires en Occitanie en 2018 (pour un coût moyen de 1 million par MW), a encore 74 MW en instruction et 150 MW en développement. L’éolien offshore s’insère aussi dans le paysage. Deux fermes pilotes flottantes de 24 MW doivent tourner fin 2021 dans le golfe du Lion. Le consortium EFGL, mené par Engie Green avec EDP Renewables, CDC, Principle Power et GE, porte un projet, Quadran l’autre. Point commun : le port audois de Port-la-Nouvelle. EFGL y fera assembler les flotteurs (fabriqués par Eiffage à Fos-sur-Mer) et les éoliennes. Cette phase fera travailler 100 à 150 personnes, la maintenance, une vingtaine. « Au-delà des fermes pilotes, le potentiel en mer est gigantesque, assure Jean-Claude Perdigues. Nous parlons de parcs de 500 MW. » L’Ademe a estimé qu’une capacité de production éolienne de plus de 2 GW pourrait à terme être installée dans la zone. Du côté d’Aramon (Gard), un contrat de transition écologique devrait être signé ce mois-ci. Il s’agit de surmonter l’arrêt, en avril 2016, de la centrale thermique au fioul d’EDF (sa déconstruction est estimée à 44 millions jusqu’en 2030) et d’orienter le territoire vers les énergies décarbonées.
Le nucléaire, toujours très présent
Si les énergies renouvelables ont le vent en poupe, le nucléaire investit toujours. Outre le chantier de grand carénage (1 milliard d’euros sur dix ans) programmé par EDF sur la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne), Orano doit engager 300 millions en cinq ans sur son site de conversion d’uranium de Malvési, à Narbonne (Aude), dont 80 millions pour une unité de traitement des déchets nitratés. Dans le Gard, le site de Marcoule est le deuxième plus grand site industriel d’Occitanie avec 5 300 salariés, dont 1 500 au CEA. Un millier travaille au démantèlement des installations nucléaires, notamment du réacteur Phénix, prévu jusqu’en 2045. « Nous sommes au croisement des révolutions technologiques, du digital, de la robotique, des matériaux », assure Vincent Gorgues, maître d’ouvrage assainissement-démantèlement au CEA.
Ils investissent ici
- Sabena Technics étend son site de peinture d’avion
Le spécialiste de la maintenance aéronautique Sabena Technics pousse les murs de son site de Cornebarrieu (Haute-Garonne). Un hall de peinture (8 millions d’euros) va être livré début 2019 et un autre est annoncé dans la foulée pour 2020. Cet investissement de 23 millions d’euros dédié aux longs courriers d’Airbus (A 350 et A 330) créera 70 emplois.
- Eolmed fera flotter quatre éoliennes dans le Golfe du Lion
Lauréat en juillet 2016 de l’appel à projets Ademe sur l’éolien flottant en mer, le consortium Eolmed, comprenant Quadran énergies Marines (Direct énergie), Idéol, Bouygues Construction et Senvion, programme quatre éoliennes (24,6 MW) au large de Gruissan et de Port-la-Nouvelle, dans l’Aude, en 2021. Une production moyenne de 1 TW par an, soit la consommation annuelle de 50 000 personnes (l’équivalent de Narbonne). L’investissement de 215 millions d’euros.
- Sanofi prépare une production plus « verte »
Sanofi investit plus de 7 millions d’euros dans des équipements de traitement d’air et de recyclage de solvants à Aramon (810 salariés). L’usine gardoise programme une centrale solaire de 5 MWc pour 2020 et la méthanisation de ses déchets. Côté production, Sanofi va engager 3 millions pour augmenter de 50 tonnes fin 2019 la production du principe actif irbésartan. Sanofi procédera à 45 embauches en 2018.
- Nutrition & Santé modernise l’usine de Revel
Spécialiste de l’alimentation diététique et biologique, Nutrition & Santé continue à investir à Revel (Haute-Garonne), où le groupe emploie 700 salariés. Dans la foulée de l’extension en 2017 de l’usine de produits alimentaires à base de soja de sa filiale Nutrition & Nature (17 millions d’euros), un autre chantier (11 millions d’euros) a été engagé pour moderniser et agrandir l’unité de biscuits diététiques.
- Latécoère ouvre son usine 4.0 à Toulouse
L’équipementier Latécoère a inauguré, en mai à Toulouse, son usine de pièces élémentaires métalliques de portes et de tronçons d’avion. Un investissement de 37 millions d’euros, dont 20 pour un parc machines entièrement automatisé. Une extension (10 millions supplémentaires) est programmée en 2019, pour une unité de traitement de surface et de peinture.
- Nutergia essaime ses compléments alimentaires
Le Laboratoire Nutergia, spécialisé dans les compléments alimentaires, met en service une usine de production à Causse-et-Diège (Aveyron), à une dizaine de kilomètres de son site historique de Capdenac-Gare. Ce sont 15 millions d’euros qui ont été investis dans l’opération et 50 emplois seront créés d’ici à la fin 2018 pour accompagner la montée en charge de cette usine.
- Snam prévoit une nouvelle usine de batteries
Positionnée dans le recyclage de batteries, Snam (Société nouvelle d’affinage des métaux) engage un plan d’investissement (2018-2022) pour se doter à Viviez (Aveyron) d’une usine de production de batteries neuves, issues à 80 % de composants recyclés. Sur cinq ans, Snam prévoit d’investir 25 millions d’euros, avec la création de 645 emplois.
- Perrier en route vers les 2 milliards de cols
Avec le plan Cap 2020 validé en mai 2017, l’ambition de Nestlé Waters est de porter à 2 milliards de cols la capacité annuelle du site de Vergèze (Gard, 1 000 salariés), contre 1,38 milliard en 2016. La nouvelle usine regroupera dans le hall principal toutes les lignes de production (jusqu’à 14), tournées vers le nouveau centre de distribution, dont l’ouverture est programmée fin 2019.
- Biotricity lance une centrale de cogénération
Biotricity va réaliser une centrale de cogénération bois-énergie (70 millions d’euros d’investissement et 40 emplois prévus) à Maubourguet (Hautes-Pyrénées). Puissance attendue de 17 MW électrique (1 MW en autoconsommation et 16 MW destinés à être injectés dans le réseau électrique) et 30 MW de chaleur, dont l’essentiel sera vendu à la conserverie d’Euralis Gastronomie. La mise en service est prévue fin 2020.
- Socodei valorise Les déchets métalliques
Expert en gestion des déchets et matières radioactives, Socodei (groupe EDF) porte un projet de 70 millions d’euros sur 2019-2023, à proximité de son site de Codolet (Gard, 250 salariés). Il s’agit de créer une installation capable de découper des objets longs à partir de déchets métalliques, qui seront recyclés en protections radiologiques.
Source: www.usinenouvelle.com – Publié le – En Occitanie, l’aéronautique fait la course en tête