En huit ans, Stam, la Société des travaux acrobatiques et montagnards a fait un bon bout de chemin, au propre comme au figuré. Gardant un esprit « montagne » et devenue experte en son domaine, elle investit encore dans de nouvelles technologies.
Les bureaux sont sobres. Rien ne rappelle les travaux « acrobatiques et montagnards » de Stam. La société est hébergée depuis 2011 à l’hôtel d’entreprises de Tulle. A ses débuts, elle a bénéficié du régime de la pépinière. Elle utilise depuis la formule « hôtel ». En décembre prochain, elle devrait rejoindre son siège, encore en construction sur les hauteurs de la ville. Avec près de 40 employés, elle est un peu à l’étroit dans ses bureaux.
De la Corrèze à…la Corrèze
Jean-Marie Tissot, le dirigeant et fondateur a d’abord créé sa société d’élagage en 2007 à Gimel-les-Cascades. Mais « impossible de ne pas respecter le cycle biologique de l’arbre » explique-t-il. Il se refuse donc à en faire une activité à l’année. « On ne taille pas en dehors de la saison hivernale. » C’est pourquoi il décide d’élargir son champ d’intervention à l’industrie pour assurer l’activité de la jeune entreprise. Avec deux associés, il créé STAM en 2011 et part installer le siège social à Toulouse. « On s’est dit que l’herbe serait plus verte là-bas ». Mais les clients corréziens continuent à les appeler. Et quelques années plus tard, les associés rapatrient le siège à Tulle en laissant une agence à Toulouse. « C’est une porte vers nos chantiers des Pyrénées. On y réalise encore 35% de notre chiffre d’affaires. » Mais Tulle, avec sa position centrale « est parfaite pour rayonner dans toute la France. » Car la société intervient aussi bien en Bretagne, à Lille, dans le Massif Central, les Alpes ou le Sud.
L’esprit « bûcheron de montagne »
Jean-Marie Tissot a un itinéraire atypique et du caractère. Marqué lors de sa première S par la parole d’un prof condamnant les métiers manuels, il se tourne vers une formation de forestier de montagne. Il apprend le bûcheronnage et les techniques de transport par câble, passe un bac professionnel, puis, un BTS de gestion forestière et poursuit jusqu’à la maitrise à l’Institut supérieur de management des industries du bois. Là, il termine par une école de commerce « où on vous apprend à vendre beaucoup de choses » résume-t-il. Et c’est justement ce qu’il refusera de faire.
Dans un univers concurrentiel très agressif, il défend l’ancrage territorial et un esprit d’équipe indéfectible : « On se soutient mutuellement. On travaille comme des montagnards. » Pour se donner un cap et s’installer dans la durée, la société développe une stratégie au long cours. Aux travaux de cordiste comme les interventions dans les silos ou des installations ponctuelles en hauteur pour des industriels, elle s’oriente résolument vers des techniques à forte expertise.
Montée en compétence
« A nos débuts, les clients faisaient appel à nous pour des travaux simples sur des barrages pour des petites interventions » se souvient le dirigeant. « Puis nous sommes montés en compétence avec des maçons et des interventions mécaniques. » Au fil des chantiers, Stam cherche à identifier les besoins de ses clients pour leur proposer de nouveaux services. Et aujourd’hui, la société maitrise les travaux de forages ou la sécurisation de risque naturel, comme la mise en sécurité des falaises au-dessus de routes, tout aussi bien que les travaux de génie civil. Poussant plus loin sa dynamique de montée en compétence.
Elle transpose les techniques qu’elle a développées pour la maîtrise des risques naturels dans le génie civil. « Nous sommes une toute petite société. Nous devons nous diversifier pour survivre. »
Le transport par câbles destiné au chantier est un de ses secteurs de prédilection. « Les investissements matériels sont conséquents mais là, nous partons pour 15 ans d’activités » se félicite Jean-Marie Tissot.
« Nous sommes capables d’installer un blondin (un téléphérique de chantier, ndlr) qui fera office de grue à l’aplomb de tout ouvrage difficile d’accès : ponts, conduites forcée, barrages, zones humides… Les applications du transport par câbles sont variées et plus respectueux de l’environnement que l’hélicoptère. »
Esprit Start-up et artisan
Les clients de l’entreprise exigent une innovation permanente. Comparée à ses concurrents, sa petite taille est un avantage. « Sans du tout être une start-up, on en a l’esprit » explique le dirigeant. Et de citer deux de ses ingénieurs proposant de créer et tester un robot adapté aux explorations de conduites sur de longues distances pour répondre au problème d’un de leur client. « Cette réactivité et cet engagement, je ne pense pas qu’on le trouve dans un grand groupe. » C’est pour faire face à ces situations que Stam a créé Scimex, son laboratoire d’analyses. C’est aussi là que les nouvelles techniques sont développées, comme l’usage de drones en milieu aquatique, la modélisation 3D des ouvrages avec le Bim (building image modelization) ou l’usage des trackers lasers pour les mesures.
Pour l’entreprise, « la subvention de la Région arrive à point nommé. Elle va nous donner de l’air le temps que la commande de nouveaux matériels arrive enfin. « Cette subvention, elle va créer de l’emploi. » Forte de ses compétences pointues et de sa vision à long terme, Stam arrive à rayonner. Au fil des années, elle a ouvert de nouvelles agences sur la plupart des lieux où elle travaille : au Puy-en-Velay et à Clermont-Ferrand.