Aller de l’avant, changer l’image d’un territoire qui se meurt, c’est là l’objectif du colloque optimiste qui se tiendra jeudi et vendredi au Laminoir à Decazeville visant à lutter contre la désertification rurale.
Échanger, identifier ses points forts, se rassembler pour mieux se fédérer : les communes de France souffrant de désertification se réuniront jeudi et vendredi lors des «Rencontres de Decazeville». L’idée de ce colloque national imaginé par Christian Lacombe, adjoint au maire, est partie d’un constat simple : la ville de Decazeville n’est pas la seule à souffrir de désindustrialisation. Les élus de la municipalité derrière ce projet ont donc décidé de prendre les devants en réunissant sur cet événement une trentaine de communes de France qui font face à une problématique similaire.
«Certaines villes réussissent à se relever car elles se sont focalisées sur leurs richesses. L’idée est que chacun puisse identifier ses propres atouts et se nourrir de points de vue extérieurs», souligne Christian Lacombe.
Une centaine de personnes participeront à l’événement : universitaires, géographes, économistes, élus locaux et départementaux, parlementaires, anthropologues. Ensemble, ils réfléchiront à des solutions pour répondre au problème de désertification rurale.
«L’idée est de trouver les moyens de repartir dans le bon sens afin d’éviter les pertes de population pour retrouver un territoire dynamique», explique l’adjoint au maire de Decazeville, Alain Alonso. Sur le Bassin, si la perte des mines de charbon et la sidérurgie ont interrogé l’avenir des habitants, ailleurs aussi les reconversions économiques ne manquent pas.
L’enjeu d’un maintien des services publics sera également questionné. «Vous ne verrez jamais une entreprise s’installer là où il n’y a pas de bureau de Poste à proximité ou de services de soins», poursuit Alain Alonso.
Decazeville pourrait ainsi selon le groupe d’élus devenir un «laboratoire de ces villes qui souffrent».
En 2001, l’ancien premier ministre Lionel Jospin parlait d’un «syndrome decazevillois» pour désigner le phénomène de désindustrialisation. Les élus souhaitent désormais renvoyer une image positive de la ville, que ses habitants «s’en saisissent», qu’ils prennent le phénomène à contresens.
En France, une centaine de villes se trouvent dans la même situation de déclin démographique. Cette rencontre est donc aussi un appel à toutes ces communes pour qu’elles se «fédèrent» entre elles. «Si on arrive à se fédérer, on sera sûrement plus entendus au sommet de l’État», souligne Evelyne Calmette qui constate un phénomène de «métropolisation».
Identifier ses propres richesses
«La réussite viendra surtout de l’intérieur. C’est avec l’aide de nos entrepreneurs locaux qu’on pourra maintenir nos tissus industriels», soutient-elle, optimiste.
Sur les jeunes partis, s’installer dans des grandes villes pour trouver du travail, les élus estiment qu’une réflexion doit aussi être menée. «Avant d’aller chercher des jeunes à l’extérieur, commençons par garder les nôtres», reprennent les élus de la municipalité.
Les chiffres
Les chiffres sont révélateurs de disparités. En 2015, le revenu de référence moyen par foyer à Decazeville s’élevait à 18 440€, le taux de chômage était de 15.30 % et le taux de pauvreté 16.80 %. et 32.60 % des foyers étaient imposables. Selon l’Insee, la moitié de la population en 2013 était âgée de plus de 50 ans.
Source: Aurore Cros – www.ladepeche.fr – Publié le 06/06/2018 à 03:48 – Decazeville prend les devants dans un colloque fédérateur