Stéphan Mazars, patron de la société STS (Société Tchnic’ Services). DDM – BHSP

Stéphan Mazars est le patron de la société STS (Société Technic’Services) à Decazeville.

« Il y a plusieurs volets. Tout d’abord le volet environnemental que nous allons subir ou anticiper notamment la consommation d’énergie. Il y aura des investissements à faire pour être plus performants demain. On n’a pas le choix. Les matières premières deviennent rares et chères. Nous devrons, notamment pour les produits carbone, trouver des solutions pour recycler une partie de nos produits en fin de vie. Aujourd’hui nous n’avons pas de produits propres à STS mais petit à petit, dans 10 ans, comme nous développons la partie bureau d’études de STS, je pense que nous aurons des produits propres à l’entreprise. Aujourd’hui on essaye de se positionner sur des marchés en sortant de notre monoactivité qui était l’aéronautique à 95 %. Nous avons commencé à nous diversifier il y a trois ans en allant vers l’agroalimentaire.

On avait débuté un peu plus tôt avec la machine à aligot. On voit qu’il y a des marchés tels que des pétrins connectés (depuis deux ans avec les moulins Calvet, les prototypes fonctionnent, on va développer la partie série pour fournir des boulangers), des caves à vin connectées (un projet propre à STS qui sortira d’ici 2 ans, un sommelier virtuel pour les restaurants qui ne peuvent pas embaucher un sommelier ; il conseillera les clients en fonction des plats, racontera l’histoire du vin, et gérera la cave), des frigos connectés. On essaye de développer de nouvelles activités autour de nos métiers et de nos savoir-faire. Dans 10 ans, je pense qu’il y aura un équilibre un peu plus fort sur l’ensemble de la diversification : l’aéronautique, l’armement, l’industrie quelle qu’elle soit. Nous allons tendre vers cela puisque nous allons certifier notre bureau d’études d’ici 2 ans, au moins ISO ; avec une partie création et produits propres ».

Énergies nouvelles

« On se projette aussi sur les énergies nouvelles puisque des marchés s’ouvrent ; je pense que STS peut amener quelque chose sur ces marchés-là ; nos savoir-faire peuvent répondre à des besoins futurs ; notamment sur des panneaux solaires dont beaucoup sont fabriqués en Chine mais demain peut-être que des sous-ensembles pourront être amenés par des structures telles que la nôtre. On fait du câblage, de l’assemblage. On ne fabriquera pas des panneaux solaires, mais ce qui va autour. On est capable de produire des équipements pour satisfaire un besoin national ou international si on arrive à se positionner.

Ce sont des pistes mises dans le plan de développement mais que l’on n’a pas encore creusées car nous avons déjà diversifié dans la machine spéciale notamment, et la partie militaire avec plusieurs clients avec des projets vraiment dimensionnant pour STS. Nous allons acquérir de nouvelles technologies ; on vient de recevoir une nouvelle presse pour faire des thermodurcissables notamment en carbone.

Nous allons aussi mettre au point des matières qui résistent à plus de 400°C. On travaille en laboratoire pour un client de l’armement ; en partenariat ; nous avons monté un projet national. Si on arrive à faire un produit 100 % européen, on serait les premiers à sortir ce type de matériau et de produit ; et je pense qu’il y a une application au niveau national avec un réel marché pour ces produits-là. Nous avons trois ans à venir de recherche et de développement. Nous recrutons des ingénieurs et des docteurs pour développer ces produits. On y croit ».

Recrutements

« Aujourd’hui STS, c’est 80 personnes. On avait été touchés par la crise et nous avions dû baisser notre effectif. En 2023, nous devrions revenir au niveau de 2019 soit 110 personnes. Le chiffre d’affaires a été de 7,5 millions d’euros en 2021. On estime le chiffre d’affaires pour 2024 à 10,5 millions d’euros. Nous recrutons : il faut trouver les candidats et les former, ce qui n’est pas simple car nous sommes multimétiers. Il y a aussi des investissements en parallèle : 2,5 millions d’euros pour nos projets sur la période. STS va remplir tous les m2 de ses ateliers.

Nous souhaitons recruter en 2023, 20 personnes en production et 8 personnes en moyenne en services supports. Sur 2024, nous sommes à 9 de plus. La croissance va s’accentuer avec des besoins forts en personnels. Aujourd’hui on est sur des procédés relativement manuels. Grâce au plan de relance on a un chantier d’amélioration continue et usine 4.0, c’est-à-dire de passer de la saisie papier en saisie automatique avec code-barres et douchette. C’est un gros chantier sur trois ans pour tendre vers l’usine 4.0 ; moderniser l’outil. Il y a des choses que l’on ne pourra pas automatiser, c’est pourquoi nous avons un besoin en personnels fort. Car en plus nous avons une valeur que l’on veut garder : nous sommes une entreprise adaptée ; on est là aussi pour insérer des personnes handicapées physiques. Dans 10 ans, je pense que nous aurons toujours ce statut d’entreprise adaptée.

La loi a évolué : avant, il fallait 80 % du personnel de production ; aujourd’hui c’est passé à 55 % de l’ensemble de l’entreprise ; cela donne plus de possibilités mais il faut trouver les candidats. Côté formation, on s’appuie sur des structures telles que le campus des métiers et le lycée de Decazeville. On a la chance d’avoir un lycée dont les équipements correspondent à nos besoins ; nous avons ainsi pu former du personnel y compris durant la crise Covid ; et utiliser la plateforme technologique pour élaborer les prototypes et valider nos compétences avant d’acheter la machine pour le composite. Nous avons une relation proche et je pense que le partenariat va encore se renforcer, pour former très tôt et sensibiliser aux différents métiers de l’industrie, que ce soit opérateur ou ingénieur et docteur, la qualité, la sécurité, l’environnement… »

« France Relance : une aide précieuse »

« France Relance nous permet d’investir sur plusieurs volets. Nous sommes accompagnés sur la partie entreprise 4.0, automatisation et numérisation de l’entreprise. Et sur les investissements machines, ce qui permet de se lancer rapidement, d’être opérationnel et de répondre aux besoins du marché. Et le développement de notre e-cave où nous serons aidés. Des projets qui vont aller beaucoup plus vite que ce que l’on aurait pu faire sans ces moyens. Nous avons eu la chance d’avoir l’aide maximum : 800 000 € de subventions sur un projet à 2 millions d’euros. C’est un bol d’air qui nous permettra d’absorber le quotidien de cette période. C’est pour nous une aide précieuse. »

https://www.ladepeche.fr/2022/10/28/decazeville-dans-10-ans-sts-sera-une-entreprise-modernisee-et-diversifiee-10768060.php

Bernard-Hugues Saint-Paul – La Dépêche – Le 28/10/2022