Hervé Danton, délégué de Mecanic Vallée. DDM – BHSP
Hervé Danton est délégué de Mecanic Vallée.
« Nous venons de vivre cette année un sujet très délicat avec la fermeture de la SAM. On n’a pas baissé les bras. On est une région résiliente et réactive ; tous ensemble on est capable de se relever les manches et travailler pour trouver des solutions ; ce qui a été le cas pour les deux-tiers des salariés licenciés de la SAM, ce qui est pour le moment très positif. Certains, près de la moitié, sont partis dans l’industrie ; d’autres sont partis à la retraite parce qu’ils y avaient droit. Et d’autres sont partis travailler dans d’autres métiers ; ils ont voulu changer d’horizon et c’est compréhensible. On les regrette dans l’industrie mais pourquoi pas. L’important était que les gens puissent rester vivre chez eux, qu’ils n’aient pas à déménager, à quitter leur pays. C’était le plus important et c’est un grand objectif réussi. C’est à poursuivre, le travail n’est pas fini », indique Hervé Danton, délégué de Mecanic Vallée.
Le même poursuit : « Nous vivons par ailleurs une période incertaine, imprévue et imprévisible.
En revanche, les experts réfléchissent à ce qui peut se passer. Par exemple, dans l’industrie, on sait que les grandes décisions des politiques et responsables européens sont d’arrêter les moteurs thermiques dans le secteur automobile. Personnellement je n’y suis pas du tout favorable, je trouve ça complètement stupide. Ils n’arrivent manifestement pas à faire comprendre au grand public que dans le domaine du transport routier il y a plusieurs solutions et qu’il faudra les gérer : l’hydrogène, le tout électrique et les moteurs thermiques notamment avec des ressources renouvelables. Il faudra mixer ces trois solutions, mais ça manifestement cela ne passe pas dans le grand public ou bien nos responsables ne savent pas l’expliquer ; ils ont pris le parti de dire le tout électrique. Et dans 10 ans on y reviendra car on s’apercevra que le tout électrique n’est la LA solution car l’hydrogène c’est pas mal non plus (notamment pour les camions où il n’y a vraiment actuellement que l’hydrogène pour remplacer le diesel) et que du thermique d’origine renouvelable qu’on va développer et qui se développe n’est pas non plus une mauvaise solution. Donc il va falloir garder les compétences dans le thermique. Là, je prêche en tant qu’ingénieur énergéticien. »
Que va-t-il se passer ?
« Nous allons continuer à voir notre pays, notre territoire, notre ville de Decazeville évoluer, se transformer. Il y a des solutions locales dans les sujets énergétiques. Nous avons besoin, pour continuer à vivre dans notre civilisation telle qu’on la connaît, d’autonomie pour les transports (ne pas être contraint d’utiliser les transports en commun même s’il est nécessaire de les développer), en particulier dans les campagnes. Nous avons aussi besoin de sources énergétiques variées. Le tout pétrole est clairement fini ; il faut passer à un mix énergétique. Il y aura encore un peu de pétrole qui sera de plus en plus cher ; on aura besoin du tout électrique à la batterie ; de l’hydrogène d’origine verte et des énergies thermiques renouvelables (déchets agricoles, ou agricole non alimentaire que l’on transforme en énergie) ».
Comment le Bassin decazevillois peut-il s’inscrire dans ce mouvement ?
« Nous avons des arguments. En matière électrique, nous avons le photovoltaïque avec des espaces pour installer des panneaux en quantité. Des espaces, des parkings, des toitures d’usines ; des surfaces considérables à couvrir. De plus, les installateurs sont autour de chez nous. En éolien terrestre, nous n’avons pas spécialement de compétences ou de zone ici. En hydrogène, nous avons des compétences dans la Mecanic Vallée notamment à Decazeville ; on a des choses à développer pour que nous puissions fabriquer ces moteurs et piles à hydrogène qui alimentent un moteur électrique. Par exemple la société Whylot à Figeac travaille avec des entreprises du Bassin, plus ou moins en prototypes voire bientôt en réalisation.
Les moteurs thermiques sont ce que nous savons faire.
D’origine végétale, non agroalimentaire. Les déchets recyclés de façon intelligente, faire du gaz pour la production (méthanisation) et les déchets pour fabriquer du carburant liquide (éthanol). Mais il faut garder à l’idée le mix énergétique. La solution c’est plusieurs voies mélangées et surtout ne pas en abandonner une. L’hydroélectricité est purement renouvelable. MTI est un très grand spécialiste et embauche actuellement ; au cœur des énergies renouvelables. STS regarde comment se positionner.
On crée du déchet, des batteries, il faut les recycler. Un des recycleurs au niveau européens est SNAM, ici à Viviez.
Il faut choyer, accompagner cette entreprise pour se développer ; comprendre que c’est ici qu’il faut continuer l’un des centres de développement car il y aura beaucoup de batteries à recycler. »
Bernard-Hugues Saint-Paul – La Dépêche – Le 28/10/2022