Un drame pour l’économie andorrane s’est produit le 27 avril dernier. Le seul axe reliant la France à la principauté s’est retrouvée fermée, à cause d’un éboulement sur la RN 22, route menant au Pas de la Case. Une seule solution pour y accéder : faire un détour de plus de 2 h 30.
Appelées en urgence, trois entreprises corréziennes, Stam (Tulle), Vialleix (Bort-les-Orgues) et Lachaux Béton (Saint-Pantaléon-de-Larche) ont pu, en un temps record, rendre la route aux automobilistes, ce mercredi 15 mai, à 17 heures. Elles ont mis en place un mur de 80 mètres de long et de 3 mètres de hauteur constitué de plus de 500 blocs de béton dit « Redi-Rock », un système importé des Etats-Unis par Vincent Lachaux et son associé Jean-Michel Morello.
Vincent Lachaux transforme ses B-Blox en table afin de les intégrer davantage dans le paysage.
Les deux entrepreneurs corréziens sont contactés pour intervenir quelques jours après le glissement de terrain. « J’ai reçu un appel de Jean-Marie Tissot, de l’entreprise Stam (Société des Travaux Acrobatiques et Montagnards qui a posé les blocs, ndlr), basée à Tulle, le samedi 4 mai, au soir, pour me dire « je ne sais pas comment on va faire, mais trouve une solution » », raconte Jean-Michel Morello à la tête des établissement Vialleix, basés à Bort-les-Orgues. J’ai alors proposé nos blocs Redi-Rock. Ils sont bien spécifiques, car ce sont les plus gros, ils pèsent une tonne et demie. »
Trente-trois transporteurs mobilisés
A partir du lundi 6 mai, « une course contre la montre » s’est engagée. « On a compté ceux qu’on avait en stock. Près de 350 blocs, à nous deux. Il a fallu produire le reste », précise Vincent Lachaux. Les centrales à béton tournent à plein régime alors que le transport des blocs sur place, la mission la plus délicate, s’organise.
« Le plus compliqué n’était pas de monter les blocs, car ça, c’est fait en 24 heures. Mais c’était surtout de les transporter en cette semaine de ponts. J’ai appelé environ 200 transporteurs, et 33 ont pu être mobilisés. Pour livrer les blocs, le premier camion est parti dès le lundi 6 mai, et le dernier est arrivé une heure avant l’ouverture de la route, c’est-à-dire le mercredi 15 mai, à 16 heures. »
Jean-Michel Morello
Sur le chantier 24 heures sur 24
Les deux Corréziens arrivent sur le site, à 1.800 mètres d’altitude, le mardi 14 mai, au soir. « On a rencontré les équipes au pied de l’éboulement. C’était impressionnant ! Et là, on a travaillé toute la nuit. »
Une fois les travaux de déblaiement et de sécurisation effectués par la Stam, a débuté la construction d’un mur de soutènement entièrement composé de plus de 500 blocs dit « Redi-Rock » assemblés sur 80 mètres de long et trois mètres de hauteur suivant la courbe de la montagne. « Le talus sur lequel on travaillait n’était pas encore stabilisé », poursuit Vincent Lachaux.
Un chantier exceptionnel, « où l’on a travaillé 24 heures sur 24 pour monter les blocs, c’était colossal ». La réouverture de la route a pu se faire le mercredi 15 mai, à 17 heures près d’une semaine avant la date prévue.
Lachaux Bétons lance BBlox, sa dernière invention.
« Les autorités andorranes ont été impressionnées par notre réactivité, note Vincent Lachaux. Elles vont nous proposer d’autres chantiers avec les blocs Redi-Rock. » Son associé assure qu’il n’existe désormais « plus aucun risque d’effondrement sur cette partie de la route, car maintenant on maintient le talus. En revanche, il faudrait davantage utiliser nos blocs pour faire du préventif, au lieu d’attendre l’effondrement… On peut dire que la Corrèze a sauvé Andorre ! », conclut Jean-Michel Morello.
Source : Marjorie Ansion et Emilie Auffret – www.lamontagne.fr – Publié le 17/05/2019 à 17h12 – Comment la Corrèze a permis la réouverture de la seule route menant en Andorre en un temps record