Cornélius Fink président de SNAM Groupe, devant le nouveau logo du groupe. DDM – BHSP
Arrivé dans l’entreprise en avril dernier, Cornélius Fink est devenu le président de SNAM Groupe en juin. De nationalité allemande, originaire de la région de Stuttgart, il est âgé de 46 ans, marié et père de deux enfants.
Cornélius Fink a travaillé durant 20 ans dans le milieu automobile au sein de la société Voestalpine. Il commence sa carrière en 2002 en tant qu’ingénieur en design, avant d’évoluer vers d’autres responsabilités, en devenant président d’une société de Voestalpine en Roumanie et COO sur une autre usine de Voestalpine, forte de 700 salariés et 200 millions d’euros de chiffre d’affaires.
Cornélius Fink a rencontré les patrons de Floridienne (actionnaire majoritaire de SNAM) en 2021 par le biais de son beau-frère travaillant dans le milieu boursier, lorsque Floridienne et SNAM recherchaient des investisseurs partenaires. Au départ, il s’agissait pour Cornélius Fink d’apporter son expertise sur les aspects techniques afin d’améliorer les process industriels. Puis les choses ont évolué et Cornélius Fink a finalement pris la tête de SNAM Groupe qui compte 175 salariés (118 à Viviez, 17 à Decazeville avec Phenix Batteries et 40 à Saint-Quentin-Fallavier en Isère).
Quelle est votre analyse sur SNAM depuis votre arrivée ?
J’ai constaté un très grand potentiel pour l’entreprise SNAM. J’ai aussi réalisé un audit sur Phenix Batteries. Les résultats sont aujourd’hui connus avec la décision d’arrêter faute de visibilité sur les volumes. Le problème concerne les engagements de la part des metteurs sur le marché, sur des volumes, sur une homogénéité et des calendriers de livraison. De plus, il y a des batteries de nouvelle génération de technologie LFP provenant du marché chinois, à des tarifs très très bas, et qui ne nous permettent pas nous européens d’arriver avec des tarifs aussi compétitifs sur un marché équivalent. C’est un problème de rentabilité, de retour sur investissement.
Le projet Phénix est-il définitivement arrêté ou peut-il être différé compte tenu des besoins futurs du marché ?
On stoppe Phenix. On ne voit pas les volumes arriver dans les prochaines années. On ne peut pas se permettre d’avoir 5 ou 6 ans consécutifs de pertes. Ma responsabilité en tant que CEO est de protéger le groupe et de se focaliser sur les activités historiques de l’entreprise : le recyclage des batteries et la récupération des matières.
Les personnels de Phenix Batteries seront intégrés à SNAM ? Quid des personnes en formation ?
Chaque salarié de Phenix Batteries se verra proposer un travail au sein de SNAM Groupe. Pour les personnes en formation, nous sommes en discussion avec l’AFPA pour trouver des solutions pour trouver un emploi hors SNAM.
Que deviendra le bâtiment de Phenix Batteries à la zone du centre ?
La présidence précédente avait décidé de son achat. C’est acté. Nous l’utiliserons pour SNAM mais pas pour entreposer des batteries afin de ne pas engendrer de risque dans cette zone.
Quid de la joint-venture avec la Région Occitanie pour Phenix Batteries ?
Rien n’est arrêté. On doit analyser les différents éléments pour voir quels sont les points de collaboration. Aujourd’hui, il n’y a pas de décision de prise.
Quel plan de recrutement pour SNAM ?
Il y a un plan d’investissement à hauteur de 12 millions d’euros pour des activités de recyclage. L’objectif est d’augmenter nos capacités de production. Le plan de recrutement supplémentaire sera à partir de 2024 selon la montée en capacité de production.
Sur quoi portent les 12 millions d’investissement ?
Ils seront dédiés aux activités de recyclage pour SNAM à Viviez. Nous avons besoin d’avoir une augmentation de la capacité de traitement du Lithium-Ion. Puisque SNAM est déjà un des leaders européens sur le nickel cadmium, les anciennes technologies, mais notre objectif est d’aller vers le recyclage des batteries Lithium-ion nouvelle génération et de multiplier par quatre nos capacités de traitement pour répondre au marché, pour passer de 1 200 tonnes à 5 000 tonnes supplémentaires en traitement. Notre objectif est de se focaliser sur les pays d’Europe du sud (France, Espagne, Italie, Portugal). Nous devons réduire les émissions de C02; cela n’a pas de sens d’aller chercher des batteries à l’autre bout de la planète pour les faire venir ici. Il faut avoir une logique aussi environnementale.
Un développement subordonné à l’obtention de permis. Lesquels ?
Des autorisations par arrêtés préfectoraux. Le sujet principal concernant le recyclage. Le projet s’appelle Lirec 2 project (lithium rechargeable), avec une augmentation de nos capacités de stockage sur le site de Viviez. Le deuxième sujet concerne des permis pour Sopave. Les matières arriveront à Sopave où s’effectueront le tri et la préparation au recyclage, puis les matières iront à SNAM Viviez pour être traitées. Nous avons besoin d’une vision claire des entrées matières, et du suivi, la traçabilité tout au long du processus.
Le chiffre d’affaires de SNAM était de 31m€ en 2022. Quel prévisionnel pour 2022 ?
Notre objectif est d’être au-dessus du chiffre d’affaires de l’an dernier. Mais c’est soumis à des aléas liés aux cours des matières premières qui ont un impact important. Les six premiers mois de 2022 ont été records dans l’histoire de SNAM en raison de cours très favorables. Mais depuis la fin de l’été, le marché s’est effondré avec des tarifs de revente qui ont baissé. Ce n’est pas lié à la performance de SNAM mais au marché. J’ai toute confiance dans les équipes de SNAM pour parvenir à améliorer la performance de l’entreprise. J’ai toute confiance dans l’avenir de l’entreprise que je dirige et je suis fier des collaborateurs.
Que pensez-vous de l’exploitation minière de Lithium annoncée dans l’Allier ?
C’est très très positif pour que l’Europe devienne moins dépendante de la Chine.
Bernard-Hugues Saint-Paul – La Dépêche – le 25/10/2022